Résumé


La campagne SMOOTHSEAFLOOR se déroulera dans la partie orientale de la dorsale sud-ouest indienne. L’objectif phare de cette campagne est de déterminer la géologie d’un nouveau type de plancher océanique « non-volcanique » découvert en 2003 lors d’une campagne précédente.

mardi 2 novembre 2010

Bonne récolte ...

La campagne Smoothseafloor touche à sa fin, et sur le chemin du retour un petit bilan chiffré s'impose. Les objectifs de la campagne ont été atteints : les images TOBI, enregistrées sur plus de 600 miles nautiques (environ 1100 km), sont de très grande qualité et apportent de nombreuses réponses quant à la nature du plancher océanique, plus de 3 tonnes de cailloux (péridotites, basaltes, gabbros et sédiments confondus) ont été récoltés, et les 15 CTDs ont permis de ramener de nombreux échantillons d'eau.

Les traditionnels rendez-vous philatéliques (ou séance de tamponnage du courrier posté à bord) et barbecue sur la piste hélico sont venus conclure cette mission.








Merci à tous les lecteurs de ce blog et à bientôt pour de prochaines (éventuelles) missions en mer.

Les deux chefs de mission : Daniel Sauter et Mathilde Cannat.
L'OPEA : Pierre Sangiardi.
L'équipe du quart 0-4 : Muriel Andreani, Stéphane Rouméjon, Véronique Mendel, Etienne Ruellan, Valerio Pasini, Duncan Matthew et Sacha Fouchard.
L'équipe du quart 4-8 : Daniele Brunelli, Adrien Bronner, Roger Searle, Adélie Delacour, Dominique Birot, David White et Arnaud Le Ridant.
L'équipe du quart 8-12 : Julie Carlut, Chris MacLeod, Bénédicte Menez, Vivien Guyader, Andrew Webb et Alain Jaouen.
Le médecin du bord : Isabelle Jubert.
Sans oublier le commandant du Marion Dufresne, Christophe Garzon, et l'ensemble de son équipage.

lundi 1 novembre 2010

Des bouteilles à la mer ...

Lors de la campagne Smoothseafloor, un jeu de piste d'un genre un peu particulier a mobilisé certains d'entre nous. Il s'agissait de repérer et localiser sur le fond de la mer des signes d'une actuelle activité hydrothermale. Une telle activité se caractérise souvent par une émission, sur le plancher océanique, de fluides qui différent fortement de l'eau de mer environnante par des températures et des concentrations en métaux et méthane souvent beaucoup plus élevées. En zone hydrothermale, de tels fluides résultent de la transformation de l'eau de mer qui s'est infiltrée par des failles dans la croûte océanique jusqu'à des profondeurs importantes et s'est progressivement réchauffée et enrichie en métaux et méthane au contact des roches qu'elle a réciproquement contribué à transformer.
Pour cela, aux profondeurs explorées, palmes, masque et tuba ne suffisent plus. Les joueurs utilisent une bathysonde ou CTD (Conductivité, Température, Depth) du nom des capteurs installés sur cet instrument dans sa configuration la plus simple. Ce dispositif suspendu à un câble électroporteur (photo de gauche) qui permet de transmettre les données en permanence est abaissé de la surface jusqu'au fond de la mer à la vitesse d'environ 1 mètre par seconde. Pendant la descente, les opérateurs scrutent avec attention (photo milieu gauche) devant l'écran les profils (c'est-à-dire l'évolution en fonction de la profondeur) des mesures délivrées en temps réel par les capteurs (température, conductivité et turbidité notamment). La sensibilité et la précision des capteurs permettent de repérer de petites variations anormales dans les profils obtenus. En milieu océanique ouvert, c'est-à-dire loin des côtes, ces anomalies peuvent correspondre avec une grande probabilité aux manifestations d'une activité hydrothermale. Pour le confirmer, de l'eau de mer située à la profondeur de l'anomalie, est alors prélevée grâce à des bouteilles spéciales installées sur le dispositif et dont la fermeture est déclenchée à la demande par les scientifiques.

Une fois la CTD revenue à bord, des échantillonnages (cf photo milieu droit) sont réalisés pour des dosages de méthane et de manganèse dissous (photo de droite) effectués soit à bord soit à terre au retour de campagne. La mise en évidence de teneurs plus importantes que celle correspondant à la composition moyenne de l'eau de mer révèle la présence plus ou moins proche d'une source hydrothermale. L'opération est alors renouvelée autant de fois que nécessaire pour cerner le mieux possible la zone d'émission jusqu'à localiser précisément le responsable. Mais il vaut mieux être chanceux ou à défaut disposer de pas mal de temps et de patience car les courants sous-marins peuvent transporter les indices sur de grandes distances et dans des directions inattendues et le jeu consiste un peu à chercher une aiguille dans une botte de foin.

Souvent les scientifiques devront abandonner la partie avant d'avoir atteint leur objectif. Ce sera pour une autre fois ou bien pour une autre équipe qui pourra tirer profit des informations recueillies.

Entre les CTD, l'esprit de découverte de nos explorateurs ne laisse cependant pas de les animer. Ils mènent une seconde chasse au trésor : celle des bonnes bouteilles de la cave du Marion Dufresne. Et là les résultats demeurent beaucoup plus confidentiels...